Microfictions - Régis Jauffray

Microfictions - Régis Jauffret



Microfictions ?

“Micro”, c’est sûr, les histoires tiennent sur une page et demi, voire deux et le livre en compte environ 500, un effort de concision réussi.

“Fictions”, c’est là où se situe le mensonge, la fiction se doit de faire appel à l’imagination, ce qui n’est pas le cas ici et même si les faits sont anonymes, romancés et lissés, ils réveillent dans nos mémoires des souvenirs de déjà vu ou entendu, faits divers, histoires absurdes, sordides, devenues banales, chacun y appliquera ses adjectifs, fermera le livre ou enchaînera les récits.

“Microfictions”, nous donne en pâture un condensé de la noirceur de l’âme humaine, cynisme, indifférence, mépris, infanticide, parricide, racisme, viol, torture, pédophilie et autres délicatesses dont peuvent faire preuve parfois certains êtres humains. Ici, aucune considération (pitié ?) pour les vieux, les handicapés, les bébés et les personnes différents.

Le ton et l’écriture, volontairement neutre, laisse peu de place au voyeurisme et à la flatterie de nos bas instincts, c’est sans doute la force du roman et ce qui permet d’atténuer la pesanteur crasse de certaines pages, dont certaines sont quand même, il faut l’avouer assez drôle (A condition d’être un peu nihiliste et/ou cynique).

La quasi totalité du livre est écrite à la première personne, “Je est tout le monde et n’importe qui” comme l’écrit R.Jauffret, les textes sont vides d’émotions, à chacun de les remplir à sa guise.

Un bon livre, à condition de ne pas y mettre trop d’affect.